
Il m’a semblé que la victoire de l’ordre sur le chaos s’exprimait tout d’abord par le principe des nombres
Par exemple dans la période pré-hellénique, certaines statuettes, notamment celle de Spedos ont des dimensions calculées précisément pour être divisible par 4 (tête et cou, corps, cuisse, bas de la jambe)
ou encore, comme dans ce visage, un nez qui prend exactement un tiers de la hauteur du visage
Oserais je dire que une des périodes qui a suivi, la « géométrique » témoigne aussi de cet « ordre » et de son application savante, tant du point de vue du potier que du point de vue du peintre. Je vous laisse remarquer que le corps a été stylisé en triangle et que le geste de lamentations des personnages autour du lit de la défunte au centre, ce geste est lui même prolongé dans le triangle du corps
Le principe des nombres s’est surtout exprimé dans la sculpture et l’architecture de l’époque classique où l’équilibre des formes doit exprimer l’harmonie du cosmos.
Prenons l’exemple du Doryphore du sculpteur Polyclete. L’équilibre n’est plus statique comme en géométrie, mais dynamique en mettant en œuvre un ensemble de nombres très particulier afin de produire cet effet.
Un autre exemple dans l’architecture est fourni par les proportions du Parthenon
Les nombres et leurs multiples sont souvent à l’honneur dans les proportions des différentes parties de l’édifice pour produire avec l’ensemble un effet d’harmonie, … même si certains ajustement sont fait pour rectifier des illusions humaines (!) d’optique
Et que dire de l’organisation en damier de la ville qui semble apparaître pour une de ces premières fois pour la ville de Milet
Après le principe des nombres je dirai que l’ordre victorieux du chaos est aussi très représenté dans certains mythes et donc sur les œuvres support
La gigantomachie est un thème souvent repris dans les grand temples mais aussi dans les objets les plus modestes pour symboliser, au delà de la lutte des Dieux contre les géants, la victoire de l’ordre sur le désordre, la victoire de la « raison » et de l’ordre sur le « monde barbare ».
Ainsi la Gigantomachie du grand autel de Pergame représente la victoire des rois Attalides contre les barbares (les galates). Il est d’ailleurs intéressant de constater que les dieux sont généralement montrés avec un visage de grand calme alors que les géants grimacent (je vous renvoie vers le billet précédent avec la première photo du Jeune Géant terrassé par Athena). Je ne résiste pas à vous montrer la reconstitution faite par le Pergamon Museum de Berlin, ou l’on voit que la frise, peinte, était à hauteur d’homme, sans doute pour permettre son observation par le peuple (vous pouvez cliquer sur la photo pour l’agrandir ;-).
Une autre représentation de cette gigantomachie sur ce magnifique vase
Voilà. Comme presque une habitude, je préfère mettre en valeur les images que les textes et vous laisse explorer plus avant si vous le souhaitez par les quelques liens que j’ai mis dans ce texte.
Pingback: La polis grecque contre le monde sauvage - les lions de Délos